Les
armoiries
Les armoiries
d'Herchies sont composées comme suit: de gueules à trois lions
d'argent armés, lampassés et couronnés d'or accompagnés en abîme de
la lettre H également en argent. L'art héraldique est parfois
obscure pour le non-initié. Cela veut dire: sur fond rouge (gueule)
trois lions blancs (argent) avec griffes (armé), langue
sortie (lampassé) avec au milieu la lettre H également en
blanc.
Ce blason est
à l'origine les armes des seigneurs de la Pairie de Lens auxquelles un H
fut ajouté afin de distingué Herchies de Lens qui, pour rappel,
formaient à l'origine la même seigneurie. A titre indicatif, c'est le
blason d'Herchies qui fut utilisé après la fusion des communes pour
l'ensemble de l'entité. On remplaça simplement le H par le J de Jurbise.
La raison de ce choix est simple: des 5 villages de l'entité seul
Herchies avait un blason du fait de son prestigieux passé. Ces
armoiries furent officiellement définies par Arrêté Royal du
30/01/1913.
La
toponymie
Le plus ancien
acte officiel mentionnant la localité est une bulle datée de 1162, par
laquelle l'évêque Nicolas Ier de Cambrai concéda l'autel d'Helchies
(altare) à l'abbaye de Ghislenghien, donation qui fut confirmée par
le pape Alexandre III, le 14 septembre 1179. Ce vocable aurait pour
signification le mot verger. Ce nom est encore cité en 1217: territorium
d'Helchies.
En 1246, le
règlement du droit de pâtures des onze villes dans la forêt de
Broqueroie mentionne quant à lui: "la paroice de Hercie". On
retrouve encore cette tournure (mais avec un "s") en 1267 dans
un document définissant les nouvelles tenures du seigneur Eustache de
Lens. D'autres parts, la Fondation faite par Héluise de Landrecies, béguine
de Cantimpret lez Mons, pour l'entretien d'un chapelain, que le curé de
Cantimpret devra procurer cite pour la première fois en 1270 le nom
actuel d'Herchies. Aussi, un texte datant du XIVème siècle donne
le nom de "le pourosse de Hierchies". Enfin, pour être
complet, notons qu'Herchel est encore une autre forme que l'on a retrouvé
sur un sceau échevinal mais il doit en fait s'agir d'une erreur
d'impression. A titre purement anecdotique, un auteur patoisant, Victor
Delplanque, avait pris le pseudonyme de "Victor d'Ersie". Cette
forme avec un "s" est sans doute due à une approximation de
l'auteur qui n'était pas originaire d'Herchies.
Différents
auteurs se sont prononcés sur l'étymologie du mot Herchies. Tout
d'abord, Chotin nous signale qu'Herchies voudrait dire "manse
militaire" ou "demeure des guerriers". En effet, "Her"
serait une abréviation d'Herman, ariman (guerrier) et "chies"
serait le radical qui mentionnerait l'idée de demeure et par extension de
village. Notons à ce sujet que les terminaisons de village en "ies"
sont des villages probablement antérieurs au VIème siècle. A ce
sujet, J.Jespers affirme que,"sont à coup sûr d'origine romaine,
les toponymes wallon en -y, -ies". Cette
forme de "chies" proviendrait du vieux latin "chia"
qui veut dire caverne devenu par la suite cabane, chaumière. Aussi,
on pourrait dire que "chies" est la romanisation du bas
latin "caïa", "chio" : la maison ou
l'enclos.
Gonzales
Descamps nous donne une signification similaire puisqu'il nous affirme que
Herchies voudrait signifier "Maison du maître" partant
du latin "Herus" et du teuton "Her, Heer". Cependant,
on pourrait même dire "maîson du souverain" puisque
"Herus,i" a également cette connotation. Carnoy donne à
Herchies le sens de villa de "Hillico" (nom germain), "Hilliciacum".
D'autres voient l'origine étymologique dans "Hercho" soit
chef germanique.
De toutes ses
affirmations, comme le Chanoine Puissant, nous pensons que Herchies veut
probablement signifier : "la demeure du seigneur, du
maître". Les éléments historiques que nous connaissons et
décrits ci-dessous viennent corroborer cette hypothèse puisque Herchies a toujours été,
depuis la période celtique ou franque, un lieu de décision politique ou
militaire. Notons qu'il existe un village d'Herchies
en France, situé près de Beauvais dans l'Oise (60). Outre le nom, les
deux villages ont trois autres points communs: la paroisse et l'église
(Saint-Martin), le nom d'un hameau (le Plouy) et l'existence d'une vieille
famille (les Chanoines).
Les
origines
Comme pour un
grand nombre de villages, les origines d'Herchies sont difficilement
identifiables. Jacques de Guyse, historien fantaisiste du moyen-age, donne
à Herchies une origine fabuleuse du fait d'un chef nommé Hericinus
(hérisson en latin).
D'autres
auteurs ont donné des versions qui semblent aussi peu probables.
Guicciardini, historien et publiciste italien, écrit qu'Herchies se
trouve dans la forêt charbonnière. Jules Celse, dans l'histoire des
guerres de César contre les germains, dit "qu'au village
d'Herchies, près de Chièvres, commence la forêt Hercinie qui avait de
largeur neuf jours d'une marche rapide; elle se prolongeait par les
Ardennes jusqu'au Rhin et aux Alpes du Mont Jura qui sont aujourd'hui le
Saint Gothard". A ce sujet, Valère Bernard affirme que "les
vestiges d'une forêt appelée de nos jours le Bois de Soignes, à la
limite Ouest d'Herchies, forment le reste dans nos régions de l'antique forêt
de Soignes qui borde les faubourgs de Bruxelles." L'illustre
Jules César parle lui aussi de l'Hercinie appelée la Fôret
Noire.
Il semble
qu'Herchies fut déjà habité très tôt puisque sur plusieurs sites, à
la motte, à la couture de Franquegnies et au Canard, on a retrouvé de
nombreux vestiges antéromains. Tout d'abord, en 1901, les fouilles
opérées par le Chanoine Edmond Puissant sur le site de la motte située
près des vestiges du château-fort permettent la découverte de nombreux
objets préhistoriques. Le Chanoine y découvre notamment: une couche de
cendres de bois brûlé, des sillex taillés, des ossements et des
défenses de sanglier et des bois de cervidés. La récolte fut,
parait-il, encore plus abondante dans le champ voisin. Cette motte
entourée de fossés fut probablement le campement d'un chef germanique
datant de la période précédent celle de l'occupation romaine. Le site
fut sans doute déjà occupé au néolithique comme le prouve la présence
de silex. D'ailleurs, Michel Breuse a retrouvé en 2005
des silex dans les champs environnant le château après le profond labour
réalisé par un cultivateur. Dans le même ordre, une communication au
Cercle Archéologique de Mons faite par Mr Lejeune le 11 mai 1867
mentionnait qu'un agriculteur du village avait retrouvé des monnaies
romaines d'or et de bronze à l'effigie de l'empereur Gordien (IIIè
siècle). Ces pièces furent acquises par un avocat de Mons (Le Tellier).
A côté de ces preuves incontestables d'une occupation très ancienne de
la motte, on sait qu'une bataille eu lieu au 5ème siècle à la couture
de Franquegnies. De là proviendrait le nom du hameau et la découverte
par le Chanoine Puissant de nombreuses pièces et autres éléments très
anciens.
Finalement, le
récit de Jacques de Guise, aussi fantaisiste soit-il, repose sur une
bonne part de vérité. Les premières formes d'activité à Herchies
furent très certainement guerrières. En effet, les différentes
découvertes montrent que le site de la motte et ses environs étaient
très prisés déjà au néolithique jusque la période post-romaine.
Aussi, quant on connaît la nature des lieux : un bocage marécageux
difficile d'accès, on se dit qu'il s'agit là d'une base arrière
stratégique idéale pour mener une attaque ou se replier après un assaut
sur Chièvres. Ce village étant tout comme Herchies un très vieux
village où l'activité humaine fut très précoce. D'ailleurs,
Chièvres est considéré comme l'une des plus vieilles villes de
Belgique.
Outre le site
de la motte que nous venons de mentionner on aurait découvert les vestiges
d'anciennes habitations gallo-romaines au Canard près des Garennes.
Au début de
l'ère chrétienne, Herchies se trouvait dans le décanat de Chièvres qui
était lui-même compris dans le Comté de Brabant. Le village était
d'ailleurs à la limite entre le pays de Brabant (pagus bracbantensis) et
celui du Hainaut (pagus hainoenis). Le rattachement du décanat de
Chièvres au Hainaut eut lieu en 1015 du fait du comte hennuyer Regnier V.
C'est sans doute avant cela que Saint-Martin
créa la paroisse du même nom. En effet, cet évêque de Tours évangélisa
une bonne partie de nos contrées au IVè siècle.
Si ce qui
vient tout juste d'être dit est de l'ordre du probable et non du certain,
on peut affirmer sans crainte que la paroisse Saint-Martin d'Herchies
existait en 741 comme l'atteste ce passage tiré des registres de
l'église: "Quant à la distinction que l'on fait de la disme
commune ou des terres franches, il est à remarquer que l'origine de cette
distinction est provenue de ce qu'après la mort de Charles Martel
arrivée l'an 741, le seigneur de Lens, à l'exemple des autres, s'est
emparé des deux tiers de la disme des paroisses de sa terre et en
particulier de celle d'Herchies."
La
population
Herchies a
toujours été un des villages les plus peuplés des environs. En effet,
Vinchant écrivait à propos du Hainaut au XVIème siècle: "La
première prévôté est celle de Mons, qui compte 4 villes et 91 villages
dont les plus signalés sont: Havré, Boussu, Pommeroeul, Baudour et Herchies".
Vers 1282, on
peut déjà dire selon le Chartrier de Herchies que le village compte
environ 1600 âmes. En 1365, il y
avait 240 feux (foyers ou ménages) à Herchies. Si l'on considère que la
taille moyenne de chaque foyer est de l'ordre de 4 à 5 personnes; on
avait en 1365 plus ou moins 1100 habitants. La diminution entre ces deux
périodes est due à l'épidémie de peste de 1309. En 1444, on n'avait plus que
156 feux; en 1469, 139 feux; en 1481,125 feux et en 1541, 148 feux. A
titre de comparaison, à la même date, Jurbise comptabilisait environ 57;
ce qui montre bien l'importance du village hercinien en terme de
population. En 1561, l'on compte 180 feux mais d'autres sources signalent
en 1553, 314 cheminées. Mais ce dernier nombre ne peut être considéré
comme correct car il est trop en décalage par rapport aux autres
données.
A cette
époque, en 1560-1561 plus précisément, un dénombrement des
"feux" est effectué dans les "Etats du Hainaut". Ce
document très intéressant reprend nominativement les habitants du
village à ce moment ainsi que leur profession. Le document est disponible
dans la rubrique Les documents.
Pour les
XVIIème et XVIIIème siècle, les archives ne nous ont pas laissé de
renseignements démographiques sur le village.
A la création
de l'état civil, on dispose de données plus formatées puisque des
recensements décennaux sont réalisés.
1802
|
1568
|
1810
|
1720
|
1820
|
1682
|
1830
|
2062
(à
Jurbise en 1826 : 750 habitants)
|
1840
|
2452
|
1846
|
2652
(Jurb
913, erbis 778, MstJ 1509, Lens 2280 Erb 401 MstP 455 Bauffe 942
Sirault 2488 Baudour 4155)
|
1850
|
2720
|
1860
|
2837
|
1870
|
3016
|
1874
|
3027
- population maximale!
|
1877
|
3013
|
1878
|
2778 |
1880
|
2768
|
1890
|
2527
|
1900
|
2555
|
1910
|
2682
|
1920
|
2521
|
1930
|
2332
|
1940
|
2247
|
1950
|
2115
|
1953
|
2089
(1042 hommes - 1047 femmes)
|
1960
|
2061
|
1961
|
1980
|
1962
|
1986
|
1963
|
1954
|
1964
|
1963
|
1965
|
1968
|
1966
|
1966
|
1967
|
1984
|
1968
|
2009
|
1969
|
2008
|
1970
|
1991
|
1971
|
1983
|
1972
|
2000
|
1973
|
2001
(1558
habitants à Jurbise la même année)
|
1974
|
1989
|
1975
|
2024
|
1976
|
2032
|
1988
|
2252
|
légende:
en rouge: diminution de la population; en vert: augmentation
Malheureusement,
depuis la fusion des communes le 1er juillet 1977, des données fiables
sur la population d'Herchies ne sont plus accessibles. Mais on peut sans
doute croire que depuis, la population n'aura cessé de croître comme le
laisse entendre les chiffres de 1988 (relevés dans un travail de fin
d'études). Notons aussi qu'en 1851, il y eu 77 naissances, 12
mariages et 47 décès. En 1951, les chiffres nous donnent alors 28
naissances, 16 mariages et 37 décès. Actuellement, on peut penser
qu'il y a à Herchies, un millier de maisons qui abritent
approximativement 3000 herciniens et herciniennes.
Les résultats
des différents recensements relevés plus haut peuvent faire l'objet
d'une petite analyse. En regardant les chiffres de plus près, on
distingue trois périodes.
1/ Une
première période d'augmentation rapide de la population qui correspond
à la majeure partie du 19ème siècle. En effet, en un peu plis de 70
ans, la population hercinienne passe presque du simple au double puisque
l'on dénombre 1568 habitants en 1802 pour 3027 en 1874!!!
Même si les années suivants 1974 ne sont pas aussi bénéfiques à la
croissance démographique, ce fin du XIXème connaît une forte
démographie puisque l'on tourne toujours au dessus des 2500 habitants.
2/ La
population d'Herchies se met à décroître dès les années 20 et la fin
du premier conflit mondial. Cette chute démographique persiste jusque
dans le courant des années 70. La décroissance se fait très rapidement
dans la première moitié du siècle et se stabilise aux environs des 2000
habitants. Notons dès lors qu'à partir de 1960 (jusque dans les années
80), Herchies est moins peuplé qu'en 1830 - année de création de la
Belgique!
3/ La
population du village après avoir diminué sévèrement au cours du
siècle dernier verra donc, à partir des années 80, une nouvelle
croissance qui continue sans nul doute actuellement.
Les raisons de
ces différentes phases sont évidentes. En ce qui concerne l'explosion
démographique du XIXème suivie d'une diminution au début XXème,
Herchies suit le même chemin que le reste de la Belgique et de l'Europe.
Deux leviers démographiques sont à l'origine de tous ces bouleversements:
le taux de mortalité et le taux de natalité.
Tout d'abord,
la mortalité connaît à la fin du XVIIIème une très nette chute (il en
est de même pour la mortalité infantile et donc l'espérance de vie
augmente). Les raisons sont bien évidemment connues: les progrès de la
médecine, les nouvelles normes en matière d'hygiène ainsi que
l'amélioration du niveau de vie (alimentation, habitation,...) due à la
révolution industrielle; sont autant d'éléments qui peuvent expliquer
cette baisse de la mortalité. Le nombre exceptionnel de centenaires
qu'Herchies a connu au XIXème est un exemple parfait de cette nouvelle
donne démographique. Cette période correspond donc à une augmentation
de la population.
Le deuxième
levier démographique qui fut actionné, au début XXème cette fois, fut
celui de la natalité. En effet, dans toute l'Europe, on constate une
régression de la natalité. Les raisons sont à chercher dans
l'apparition de nouveaux mœurs comme la contraception ou le souci -
nouveau - de l'avenir de ses enfants. De plus, la chute de la mortalité
infantile n'oblige plus les parents à multiplier le nombre de
descendants.
Donc, les
chiffres cités en début de section peuvent être expliqués par ces deux
éléments. L'augmentation de la population du XIXème est due à la
diminution de la mortalité et la diminution de la population de la
première moitié du XXème est le fait de la diminution de la natalité.
Un autre facteur vient confirmer la stagnation démographique d'Herchies
dans le courant du siècle dernier: c'est l'exode rural. En effet,
l'amélioration des techniques agricoles ainsi que la motorisation des
processus font que de plus en plus de saisonniers (manouvriers) et même
de fils d'agriculteurs se retrouvent sans travail à la ferme et doivent
donc se diriger vers les centres industriels comme Baudour ou Tertre. De
plus, l'isolation d'Herchies par rapport aux différents axes importants
de communication (voir Tram) fait partir les jeunes
vers des localités bien desservies par la route mais aussi par le chemin
de fer.
Une nouvelle
tendance s'est mise en place depuis les années 80 et s'est amplifiée
dans le courant des années 90. Il s'agit d'une nouvelle hausse de la
population. Ce changement est difficile à analyser puisque nous n'avons
pas de recul. Mais on peut dire que l'on voit depuis une dizaine d'année
l'arrivée de nouveaux habitants n'ayant pas forcément de liens avec le
village. Herchies (et les villages qui l'entourent) est devenu un village
"tendance et à la mode" où les gens veulent venir habiter pour
retrouver la quiétude et le calme de la campagne loin du bruit des
autoroutes et des fumées des usines. La faiblesse (isolement) passée
d'Herchies est devenue aujourd'hui un attrait pour le citadin. Reste à
espérer que cela ne dénaturera pas l'âme du village...
La
géographie
Le
territoire d’Herchies, vaste de 2 001 hectares, est plus ou moins
rectangulaire. Il est entouré de 8 villages qui sont en partant du nord
vers le sud: Bauffe, Vaudignies, Neufmaison, Sirault, Baudour, Erbisoeul,
Erbaut et enfin Lens. Ce dernier village étant celui avec lequel Herchies
a le plus de lien historique puisque les deux villages formaient le centre
de la Pairie de Lens. Herchies en était le centre administratif puisque
les premiers seigneurs de Lens résidaient au château féodal.
La
géologie
Le
sous-sol du village est relativement riche. En effet, bien qu’il regorge
de moins de ressources que certains de ses voisins (et notamment Baudour)
; on y trouve des veines charbonnières près du bois de Baudour
(mais en quantité insuffisante pour l’exploitation industrielle) et de
l’argile sur toute la partie située entre la rue de Franquegnies, et
l’axe Grand Rue- Rue des Juifs (à ce propos, les cimenteries d’Obourg
projetèrent en 1980 d’exploiter cette richesse qui engendra une levée
de boucliers de la part des herciniens d’ailleurs des chansons de
contestation - comme "arons-nous
enn carrière" - furent écrites) d'ailleurs, des "chauffours"
ont existé près de la Planche qui Bout.
En
fait, la principale richesse d’Herchies a toujours été de tous temps
la terre elle-même. La preuve en est les nombreuses grosses fermes qui
jalonnent toujours le paysage et dont les noms ont raisonné à travers
les âges comme Le Fief de
Grez, la Berquelette, la Ferme du Colroy ou encore la Ferme de Jipleux. Du
point de vue géologique, la localité peut être divisée en trois types
de zone.
1.
La zone argilo-limoneuse, très
riche, s’étant sur le tiers nord du territoire. Elle reprend le Colroy,
la vieille route de Lens et la Couture de l’Eglise.
2.
La seconde zone, moins riche mais offrant toujours un sol de qualité
à l’agriculture correspond à la Grande Couture, le Bois de Lens et au
Long Aulnois. Il s’agit de la zone argilo-sablonneuse .
3.
Enfin, plus on s’éloigne du centre du village en direction du
sud, plus le sol est pauvre. En effet, les deux Vacresses, le Culot, le
Canard et les Garennes ont un sol sablonneux
beaucoup moins favorable à l’agriculture que les deux zones précédentes.
Cela n’empêche toutefois pas que le sol soit cultivé mais on doit
reconnaître que la proportion « prairies-cultures » est plus
importante dans cette partie sud du village. Preuve s’il en est de la
pauvreté relative du sol. Le nom de Vacresse viendrait d’ailleurs de
« Ferme aux vaches » démontrant ainsi la prédominance dans
le hameau de l’élevage au détriment de la culture (cette dernière
ayant un rendement moindre).
Le territoire d'Herchies est relativement vallonné par rapport à
ses voisins directs. Toutefois, les dénivelés constatés ne sont en
aucun point comparables avec ceux du pays des collines tout proche. En
fait, le relief hercinien est évidemment à mettre en relation avec les
cours qui traverse le territoire du village. D'un côté, la Petite
Hunelle a creusé une profonde vallée à la limite entre Herchies et
Chièvres; et d'autre part, la Petite Dendre qui prend sa source à
la Fontaine Loquet après avoir reçu le Ruisseau dit du Bois de
Baudour (plus poétiquement dénommé par le passé Rieu du Frasnoit
ou du Saulchoir) et le Rieu des Richards (anciennement
appelé Ruisseau d'Orissart ou d'Heurissart). Vers Erbaut,
la Petite Dendre s'élargit pour devenir l'Etang de la Planche qui Bout
(1670).
Ainsi,
ce sont ces deux timides ruisseaux qui ont modelé les deux vallées
herciniennes:
La
première est celle qui très certainement à l'origine des fondements
ancestraux d'un premier village puisque la motte féodale, située à
deux pas de la Place, est ancrée dans le sillon formé par la Dendre
naissante. Cette vallée est très bien marquée puisque lorsque l'on
vient d'Erbisoeul par la Rue du même nom, on constate un dénivelé de
quelques mètre aux environs du Champs de la Garde. Plus loin sur le
même axe, à la Petite Vacresse, la pente est encore plus raide. Le
flanc droit de la vallée saute moins aux yeux que le gauche qui vient
d'être décrit. Mais quand on réfléchit bien, le Col del Saux à
proximité du Bois de Soignes ainsi que la pente escaladée par la Rue
des Juif (côte de la soif) sont des traces de ce flanc gauche.
La
deuxième vallée est encore plus identifiable. Pour cela, il suffit de
se positionner au château d'eau et de regarder en direction de
Chièvres et de Neufmaison pour bien voir que la Petite Hunelle a
creusé le paysage. De plus, lorsque l'on va vers Bauffe en venant du
Colroy, le promeneur pourra remarquer que la route se cambre sous ses
pas.
L'analyse
des points les plus élevés ainsi que les plus bas vient confirmer l'existence
de ces deux plaines séparées par un coteaux aux pentes relativement
accentuées selon les endroits. Les points culminants sont respectivement:
le Bois de la Haye (+90m), le Bois de Soignes (+88m) et la motte où se
situe le château d'eau (85m). A contrario, les point les plus bas sont la
sortie de la Dendre vers Erbaut (65m) et la Petite Hunnelle du hameau du
Long Aulnois jusque au hameau Vaudignies (60m).
Outre ces
différents cours d'eau, Herchies a toujours compté bon nombre de mares
ou d'étangs. La première raison est que le village était auparavant une
zone fortement marécageuse. Cette zone de marais s'étendait de part et
d'autre de la Petite Dendre et de ses deux "affluents" de
Vacresse à Erbaut. Nos ancêtres ont connu l'existence de mares au Brun
Culot, l'Abreuvoir Gaverelle situé derrière l'Église, la mare de
Gascogne (à Vacresse) ainsi que des prairies marécageuses encerclant les
vestiges du Château Comtal (c'était toujours le cas il y a une
cinquantaine d'années). D'ailleurs, une légende raconte que le carrosse
d'une noble dame s'est enlisé dans les marais jouxtant le château il y a
bien longtemps... et qu'on peut l'entendre pleurer à la recherche d'une sépulture
dans les rues proches du château les longues nuits de novembre.
Actuellement, il existe toujours des étangs près de la Fontaine Loquet,
évidemment ceux du parc du Prieuré Marie Médiatrice, au Chemin à Joncs
et bien sûr l'étang de la Planche qui Bout
déjà cité en 1670. Toutes ces pièces d'eau sont autant de vestiges de
l'aspect autrefois marécageux de cette partie du village. Aujourd'hui
encore, les habitants qui ont bâtit aux environs du croisement de la Rue
d'Erbisoeul et de la Rue de la Fontaine (Franc
Boudin) ont souvent été victimes d'inondation par temps de forte
pluie.
A côté de
ces différents étangs découlant de l'aspect marécageux du sillon
formé par la Dendre, on retrouve d'autres pièces d'eau qui doivent leur existence
à l'action de l'homme. En effet, à proximité des plus vieilles fermes,
on retrouve des mares: au Gipleux, à Saint-Moulin, au Colroy, au
Fief-de-Grez, à la ferme Botte,... Lors de la construction de ces
différentes censes, on a généralement utilisé l'argile contenu dans le
sol pour fabriquer les briques et tuiles nécessaires à l'édification
des bâtiments. Les trous formés par cette extraction n'ayant pas été
rebouchés, ils se sont remplis d'eau. Suite à cela, on a conservé ces
mares afin de s'assurer un point d'eau qui pourrait se révéler utile à
un moment ou un autre.
Donc, l'action
humaine a doublement influencé le paysage "aquatique"
d'Herchies au cours des siècles. D'une part, il a limité les marais par
un drainage et l'assèchement des terres. D'autre part, il a creusé de
nombreuses mares afin d'utiliser l'argile du sous-sol et, dans un second
temps, de s'assurer un point de ravitaillement en eau pouvant éventuellement
servir de vivier.
Si de nos
jours, les zones boisées sont réduites à quelques bosquets ça et là,
à plusieurs parcelles isolées dans la campagne et à quelques vestiges de
bois (Bois de Lens, Bois Molry, Bois de Soignes,...) sans oublier la
partie du Bois de Baudour située sur la Vacresse (Bois Delhaye); cette
situation n'a
pas toujours été celle des siècles passés.
Dans son Dictionnaire
géographique du Hainaut, P.Vandermaelen nous dresse un portrait
général de ce qu'était Herchies en 1833:
Agriculture
Récolte annuelle (en rasières) |
froment
seigle
escourgeons (orge d'hiver)
avoine
féveroles
colza
lin |
-----»
-----»
-----»
-----»
-----»
-----»
-----» |
2000
6000
1000
6000
1000
1500
100 |
Les
prairies étaient principalement composées de trèfle et il existait,
surtout à Vacresse, quelques houblonnières. On comptait peu de vergers
qui, lorsqu'ils existaient, étaient principalement composés de pommiers,
poiriers, pruniers et noyers. Des taillis et des futaies, surtout d'aunes,
de charmilles et de chênes (parfois des hêtres), s'étendaient sur 1/18
du territoire. Quelques aunaies et sapinières étaient également
présentes.
Les
agriculteurs de l'époque pratiquaient l'assolement sexennal qui
s'opérait de la manière suivante:
-
Escourgeon
ou froment
-
Seigle
-
Trèfle
-
Lin ou
colza
-
Avoine
-
Repos
La
production de cendres et de tourbes servant de fertilisants était d'une
importance non négligeable. Le prix moyen de labourage d'un bonnier (1ha
34 a 60 ca) était en moyenne de 17 florins.
Au point de
vue du cheptel équidé, il y avait 196 chevaux mais aussi des bovins et
des ovins. La pêche était pratiquée; principalement des poissons blancs
et des anguilles étaient péchés.
Commerces
et industries
Le filage
du lin était une activité fortement développée au village; on y
dénombrait 12 métiers à tisser. Le village comptait également une
raffinerie de sel, deux brasseries et 3 moulins
à farine (dont deux à vents).
Enfin,
signalons que 17 chemins du village étaient impraticables l'hiver ou par
mauvais temps.
Démographie
En 1833, on
comptait 2150 habitants à Herchies répartis dans 430 habitations, dont
150 au village proprement dit, principalement construites en pierres et en
briques, couvertes d'ardoises, de pannes ou de paille. L'auteur de l'état
des lieux signale la présence de la belle maison de campagne du baron
Royer.
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